Les livres se suivent mais ne se ressemblent pas. Passage à la FNAC samedi après-midi, j’en suis ressortie les bras chargés de livres, parmi lesquels il y avait Le cahier bleu de James Levine. Un week-end plus tard et j’avais fini ce petit roman, à peine 250 pages. Le cahier bleu, c’est le journal intime d’une prostitué de 15 ans. Batuk a été vendue à l’age de 9 ans par son père à un proxénète à Bombay. Dans un cahier, puis sur des feuilles volantes, elle nous raconte comment sa virginité fut vendu aux enchères, son quotidien dans un bordel de rue sur Common Street, son enfance au village avec ses frères et sœurs, son amitié avec Puneet un petit garçon prisonnier comme elle.
Oui je sais j’ai de drôle de lecture parfois. Mais il ne faut pas se voiler la face, ça existe malheureusement. D’ailleurs c’est en voyant une jeune prostitué écrire à Bombay dans un petit cahier que l’auteur a eu l’idée de ce roman. En tout cas, c’est écrit avec beaucoup de pudeur. Toute la première partie, l’auteur évoque l’acte sexuel auquel Batuk est contrainte sous le couvert d’une métaphore pâtissière. « Faire des pains au lait » c’est l’expression que la petite fille a choisi pour nous en parler. Certes petit à petit, l’horreur monte et la métaphore disparait au profit de termes plus crus, moins poétiques.Voilà un beau (le terme est peut-être mal choisi vu le sujet) roman sur un sujet difficile. J’ai aimé la façon de l’aborder comme un témoignage, de l’intérieur sans les habituels chiffres dont on recouvre cette réalité sordide. A lire absolument ne serait-ce que parce que l’ensemble des droits d’auteur que James A. Levine tire des ventes du « Cahier bleu » sont reversés au Centre International des enfants disparus et exploités (www.icmec.org).
La quatrième de couverture : Vendue à neuf ans par son père, Batuk n’a pour seul horizon qu’une unique rue de Bombay. Et pour toute compagnie les clients qui viennent assouvir leurs pulsions sur une jeune fille dont le seul tort est d’être jolie. Mais au fond de la case qui lui sert de chambre, Batuk cache un véritable trésor. Un petit cahier bleu qu’elle a réussit à dissimuler à cette vieille bique de Mamaki.
Que peut donc raconter une prostituée de quinze ans dans un journal intime ? Son existence, avec la philosophie d’une femme ; ses rêves, avec le regard d’une petite fille. Il suffit parfois de quelques grammes de papier pour s’accrocher à la vie…
Prochaine lecture : la solitude des nombres premiers de Paolo Giordano.