Je viens de terminer 89 mois de Caroline Michel, un petit roman paru début mai aux éditions Préludes sur le désir d’enfant. 89 mois raconte en effet le parcours de Jeanne, 33 ans, célibataire qui voyant son horloge biologique tournée comme on dit, s’est mise en tête de faire un bébé toute seule (comme dans la chanson). Jeanne va pour cela multiplier les partenaires à qui elle omet de dire qu’elle ne prend pas la pilule. Mais plus son désir d’enfant est important et moins ça marche. CQFD. Alors faute de mieux, Jeanne va aussi entamer les démarches pour se faire inséminer en Espagne. Mais voilà, Dame Nature est facétieuse et elle finit par tomber enceinte naturellement au moment où elle ne s’y attend plus :)
Mon avis ? 89 mois est un joli roman frais et bourré d’humour. Dès le titre, le ton est donné : Jeanne a 89 mois, pas un de plus, pour tomber enceinte avant son quarantième anniversaire. Après il sera trop tard. Le compte à rebours a donc commencé et va s’égrainer chapitre après chapitre : 89, 86, 79… Premier bon point donc pour moi, la forme : on lit là le journal de bord d’une future femme enceinte. Jeanne raconte en effet son épopée pour tomber enceinte mois après mois en s’adressant à sa future fille, Augustine. Elle raconte ses aventures, ses rencontres, ses doutes, comment ses copines adhèrent inconditionnellement à son projet et la soutiennent ou au contraire tentent de la dissuader. C’est tendre, drôle aussi parfois comme cette scène à la pharmacie où Jeanne achète une vingtaine de tests de grossesse! Mais ne vous y méprenez pas, derrière ce ton léger, il y a aussi une réflexion plus profonde sur la société actuelle et le droit à la maternité : a t’on le droit de vouloir un enfant si on est seule ? N’est ce pas égoïste ? Ne faut-il pas attendre d’être en couple dans une relation stable pour faire un bébé ? Pourquoi une femme seule n’aurait-elle pas le droit de se faire inséminer ? C’est tout ça 89 mois et franchement c’est extra.
La quatrième de couverture : « J’ai trente-trois ans, ça y est. A quarante ans et des poussières, mon corps sera hors jeu. Il me reste donc sept grosses années pour faire un enfant, soit quatre-vingt-neuf mois. Un chiffre minuscule. A peine deux mille sept cents jours. Que peut-on faire en deux mille sept cents jours ? Rien. J’en ai déjà mis cinq à construire trois meubles Ikea. » Jeanne, célibataire, contrôleuse de train sur la ligne Paris-Auxerre, n’a qu’une obsession : devenir maman avant que le temps la rattrape. Elle a fait une croix sur le couple, il lui faut simplement un géniteur. Sa décision ne fait pas l’unanimité auprès de ses amis, et, même si parfois elle doute, elle est déterminée à surveiller son cycle, à provoquer les rencontres, à boire des potions magiques et à lever les jambes après chaque rapport, sait-on jamais.
Prochaine lecture : Surtensions d’Olivier Norek