La semaine dernière, j’ai lu le premier roman de Martin Winckler, La Vacation. J’avais déjà lu il y a quelques années maintenant son roman Le cœur des femmes et j’en gardais un excellent souvenir (hormis la fin qui m’avait un peu déçue). Il était donc évident pour moi de lire celui-là dès qu’il me tomberait entre les mains. C’est chose faite. Avec La vacation parue ce mois-ci aux éditions Folio, l’auteur nous plonge dans le quotidien d’un médecin de campagne qui une fois par semaine pratique des IVGs à l’hôpital. Le narrateur nous raconte en effet sur trois jours les interventions qu’il pratique régulièrement trois heures par semaine mais aussi les affres de tout coucher sur le papier.
Alors, alors quel est mon avis sur ce roman ? Le premier truc qui surprend avec ce roman, c’est qu’il est écrit à la seconde personne du singulier. Le narrateur emploie en effet le « tu » un peu comme s’il s’adressait à un copain ou à un jeune collègue débutant à qui il voudrait transmettre son expérience. Passée la première surprise du mode de narration, on est surpris par le style. Et là, je dois dire que cela ne m’a pas spécialement plu. je m’explique : le récit mêle conversation et pensées du narrateur (en italique dans le texte) de façon que les phrases s’entremêlent, se télescopent. Les pensées du narrateur viennent interrompre les phrases en plein milieu, parfois même coupent un mot. La lecture de ces passages n’est pas aisée. J’ai trouvé cela assez dérangeant même.
Après, hormis le style assez déroutant, le récit est assez répétitif. Comme les IVG qui se répètent de semaines en semaines selon le même rituel, la description des interventions se répète avec la même force de détails médicaux, la même froideur aussi. Les descriptions des actes sont assez froides, sans émotion j’ai envie de dire. J’ai eu l’impression que cela s’opposait très nettement aux passages décrivant le processus d’écriture. J’ai été d’ailleurs assez surprise de ne pas lire d’avantage sur les interruptions volontaires de grossesses pratiquées par le Docteur Sachs et les sentiments que cela suscite de la part des patientes mais aussi du personnel soignant, du médecin lui-même. En effet si le roman démarre sur une description détaillée d’un mardi après-midi et des interruptions qu’il pratique ce jour-là, on dérive très vite sur les affres de l’écrivain en devenir. Les deux tiers du roman sont en effet consacrés au processus d’écriture. Si cela se lit bien dans l’ensemble, le récit traine en longueur et ce, même si le roman est assez court. Au final, je crois qu’après avoir lu la quatrième de couverture, je m’attendais à autre chose. Bref c’est une petite déception pour moi mais ça ne m’empêchera pas de lire quand même La maladie de Sachs.
La quatrième de couverture : «Tout en surveillant les mouvements du rideau, tu rabats les feuillets et tu poses le dossier derrière toi sur la paillasse.
Tu attends, les bras croisés, le bassin calé contre le plan carrelé, et parfois avec un peu d’impatience, que la femme se soit dévêtue et qu’elle apparaisse enfin en longue chemise de nuit ou en robe légère.
– Venez, Madame.
Tu lui souris, tu fais deux pas dans sa direction ; tu l’invites à s’approcher.»
Bruno Sachs, médecin généraliste, pratique des avortements lors de vacations hebdomadaires dans un hôpital.
Prochaine lecture : Sans oublier d’Ariane Bois