Il y a un petit bout de temps j’ai reçu et lu le nouveau livre de Eliette Abécassis, Alyah : la tentation du départ. Dans ce roman (mais est ce vraiment un roman ?), on retrouve Esther Vidal, l’héroïne de Sépharade. La jeune femme, prof de français dans un lycée en zep, divorcée, mère de deux enfants, nous raconte son quotidien de juive en France. Elle évoque les événements de Charlie Hebdo, la tuerie de l’école juive de Toulouse, celle plus récente de l’Hyper casher de Vincennes. Elle évoque sa peur au quotidien. Elle parle de ses amis et notamment de sa copine Gabrielle, qui quitte la France pour s’installer en Israël et faire leur Alyah.
J’ai mis du temps à en parler car ce bouquin m’a laissé perplexe. Ce n’est pas vraiment un roman, je trouve. C’est un témoignage sur le quotidien d’une jeune femme juive. Mais en même temps Esther Vidal est un personnage de fiction. Elle n’est pas l’auteur. Elle n’est pas Eliette Abécassis. Même si de prime abord on pourrait le penser vu qu’elle s’exprime à la première personne et qu’elle évoque des évènements récents que l’on connait tous. Et c’est sans doute, cette frontière très tenue entre la fiction et la réalité qui m’a laissé dubitative. Comment doit-on lire Alyah ? Comme un roman ? Alors il n’y a pas d’histoire et ça coince. Comme un essai ? Dans ce cas, l’histoire d’amour avec Julien est de trop (D’ailleurs pour être tout à fait franche, ces passages m’ont ennuyé). Ce manque de parti pris de l’auteur ne m’a pas plu. Je n’ai pas trouvé les clés pour lire ce livre et l’apprécier. Alors oui, c’est vrai, dans l’ensemble, ça se lit bien, c’est bien écrit. Il y a aussi une certaine émotion dans tout ça. Mais ça ne suffit pas. Malgré tout au final, j’ai trouvé ça très bof. Je m’attendais à quelque chose d’autre et j’ai été déçue. Tant pis.
La quatrième de couverture : « Il y a quelques années, je sortais dans la rue avec une étoile de David autour du cou. J’étais fière de m’appeler Esther Vidal et je ne baissais pas la voix pour dire mon nom. Nous n’étions pas en danger dans la ville. Ni agressés à la sortie de l’école, de la synagogue, ou chez soi. Traiter quelqu’un de “sale juif” était un tabou. Je ne pensais pas qu’il pût y avoir dans Paris des manifestations contre les juifs. A vrai dire, je n’aurais même pas imaginé que l’on puisse entendre, lors d’une manifestation, « A mort les juifs ». » L’histoire d’une femme, le destin d’un peuple : sur fond d’antisémitisme et de retour de la haine, le nouveau roman d’Éliette Abécassis se présente comme une double histoire d’amour. Celle d’Esther avec la France. Celle d’Esther avec Julien, qui est écrivain. A travers une épopée personnelle et collective, qui la mènera sur le chemin de l’histoire de sa famille en France, la narratrice se pose la douloureuse question de devoir quitter son pays. Un roman choc sur le syndrome d’une société qui sombre dans la barbarie.
Prochaine lecture : 80 notes de jaunes de Vina Jackson.
4 Comments
Personnellement j’ai bien aimé ce roman ! C’est à mes yeux une sorte de roman-témoignage hyper intéressant ! Et ça m’a fait réfléchir :)
21 août 2015 at 0 h 19 min@ Serena : pour moi c’est justement le fait que ça soit un roman-témoignage qui pose problème. C’est complètement antinomique en ce sens qu’un roman c’est de la fiction et un témoignage a contrario réel. Je ne sais pas si je suis claire là ?
21 août 2015 at 8 h 32 minOui tu es claire et je comprends ton ressenti, bien qu’en même temps, l’autobiographie soit délicate et souvent difficile à défendre je trouve. On peut tellement se tromper sur ses souvenirs et qui sait, certains passages sont peut-être romancés ? D’où l’appellation roman ?
22 août 2015 at 15 h 06 min@Serena : dans ce cas, ce n’est pas de l’autobiographie c’est sûr. Le « Je » là c’est Esther Vidal. Esther Vidal c’était déjà l’héroïne du précédent roman de l’auteur. Du coup le doute est pas permis. Après je suis d’accord avec dans une autobiographie, il y a toujours des passages romancés puisque écrit parfois bien après les évènements;
22 août 2015 at 17 h 58 min