Dans ma valise, j’avais glissé quelques livres parmi lesquels Le silence de minuit de Denise Mina. Commencé à Paris, j’ai terminé cet excellent polar à Bruges, un soir à l’hôtel. L’histoire s’ouvre alors que deux hommes font irruption dans une modeste maison d’immigrés dans la banlieue de Glasgow. Les deux hommes cherchent un certains Bob. Comme aucun occupant ne semble être celui qu’ils cherchent, ils décident d’enlever le père de famille et de réclamer une rançon. Mais voilà, l’inspecteur Alex Morrow en charge de l’enquête a très vite le sentiment que les membres de la famille mentent et ont tous quelques choses à cacher. A mesure que son enquête progresse, elle découvre que le plus jeune fils de la famille se fait appeler Bob. Et si ce qu’ils ont pris pour une erreur à l’origine, dissimulait en fait des ramifications bien plus complexes ? Qu’est ce que ce jeune homme qui vient de terminer son droit, bien sous tout rapport a à cacher ? A moins que ce ne soit son frère ainé ou son père et sa modeste épicerie de quartier qui tremperaient dans des affaires louches ? C’est ce que va devoir découvrir l’inspecteur Morrow si elle fait toute la lumière sur cette affaire et retrouver le vieil homme sain et sauf.
Mon avis ? J’ai beaucoup aimé ce roman. Le silence de minuit est vraiment un excellent polar. Ça se lit bien, très bien même, il n’y a rien à redire la dessus. L’auteur construit son roman par chapitre qui alternativement nous livre le point de vue des deux braqueurs amateurs Pat et Eddy, celui de leur otage Aamir Anwar, le petit épicier ougandais et enfin celui de l’inspecteur Morrow. De cette façon Denise Mina arrive à brosser des portraits complets de ses personnages sans en avoir l’air. L’histoire personnelle de l’inspecteur Alex Morrow se révèle ainsi petit à petit et éclaire sa personnalité tourmentée, son sale caractère permanent. Dans ce roman, donc pas de longue description, juste quelques mots glissés ici et là. Et cela fonctionne rudement bien. On s’attache aux personnages sans y prendre garde. Les pages se tournent sans que l’on y prenne vraiment garde et on arrive à la fin en se disant « quoi c’est déjà fini ? ». Enfin sur fond d’enquête policière, Denise Mina borde des thèmes durs comme le racisme ordinaire, le machisme et la pauvreté. Mais comprenons-nous bien, elle n’en fait pas la trame de son roman. Si dès les premières pages, le racisme est omniprésent à travers l’histoire de la famille Anwar, ce n’est pas cela qui expliquera tout. De même, l’auteur ne basera pas toute son explication du caractère de Morrow sur le machisme qu’elle subit au quotidien dans son travail. Denise Mina nuance tout ça et le nuance très bien. Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir dans cette histoire. Bref un grand merci aux éditions du livre de poche et à Livraddict pour l’envoie de ce polar, j’ai tout simplement adoré :)
La quatrième de couverture : Glasgow. Deux hommes cagoulés font irruption dans la maison d’une famille immigrée de la banlieue résidentielle en réclamant « Bob ». Aamir Anwar, le père, est pris en otage. Une rançon de deux millions de livres est exigée. L’inspectrice Alex Morrow sent que quelque chose cloche. D’abord, il n’y a pas de Bob, et l’on pourrait croire à une erreur si certains regards et attitudes ne l’incitaient à penser que quelqu’un ment ; en tout cas, tout le monde a quelque chose à cacher. Étude du machisme et du racisme ordinaires en milieu écossais, Le Silence de minuit rejoint la tradition des romans policiers d’action où du nouveau surgit à chaque page, jusqu’au dénouement final, totalement imprévu.
Prochaine lecture : Cinquante nuances de grey de E.L James